In.Out.Sider Festival → présence graphique

Multidisciplinaire et indiscipliné, le In.Out.Sider Festival promeut la diversité au travers d’une programmation éclectique. Musique expérimentale, projections de films, ateliers, embrassent les nouvelles pratiques artistiques et font la part belle à l’art outsider. Pour cette édition 2024, le Centre Sésame et le Créahmbxl s’associent pour créer une scénographie qui prend la forme d’une présence graphique forte. Présentation d’une collaboration fluide.

Inévitable(s) collaboration(s)

Il semblait évident que le In.Out.Sider Festival croise le chemin du Créahmbxl et c’est le cas depuis plusieurs éditions au travers d’invitation à des séminaires, de projections de films ou d’exposition collective. En 2024, la collaboration s’amplifie grâce à un projet artistique partagé, mené en collaboration avec le Centre Sésame sur la proposition de Magali Cadelli. Si, en 2023, les deux structures avaient été sélectionnées par un tiers, elles ont cette année présenté l’ébauche d’une scénographie commune, qui a été validée.

Pour cette nouvelle édition du festival, qui se déroule à LaVallée, les deux ateliers de création présentent une fresque foule dans la cour du bâtiment. On avait dit que les personnages représentés figureraient les musicien.nes invité.es, et c’est aussi le cas, mais les artistes outsider ont rapidement débordé le projet initial pour figurer un public disparate et étendu. Femmes aux dents de diamants, amoureuses qui dispersent leurs déclarations, animaux : c’est un peuple joyeux qui dansera sur les murs et s’avancera jusqu’au bar en silhouettes à taille humaine.

Pratiques communes

Une douzaine d’artistes issus des deux centres ont collaboré sur ce projet durant des cessions de travail qui se déroulent en atelier au Créahmbxl, puis sur place, à LaVallée, pour l’achèvement du projet. Dans un joyeux brouhaha, la rencontre entre les deux structures s'opère en souplesse, avec deux artistes-animatrices, Magali Cadelli pour le Centre Sésame et Gaëlle Leroy pour le Créahmbxl, qui se sont rapidement accordées. « La collaboration a été très fluide », précise Gaëlle Leroy, « nous avons une même exigence de rendu et devant un choix, c’est la même évidence qui s’impose à nous. »

Une fluidité issue de l'expérience pour Magali Cadelli : "J'ai travaillé antérieurement au Créahmbxl et je connais une partie des artistes avec lesquels nous avons collaboré. J'ai retrouvé mes anciens collègues lors de la première édition du festival et j'y ai rencontré Simon-Pierre Toussaint, le directeur artistique de l'association. Nous avons rapidement évoqué la possibilité d'un projet commun. Cette année, nous avons eu l'occasion de le concrétiser. Il y a parmi nos artistes des univers qui pouvaient (et se sont) rencontrés." Citons, pour le Centre Sésame, Solène Calderon, Ardian Rahadanovic, Magali Vlies, et pour le Créahmbxl, Paloma Gonzalez, Nouzha Serroukh et Géraldine Vink.

Le travail se déploie en quatre temps. Lors des deux premières cessions, les artistes travaillent individuellement leurs personnages et l’écriture qui accompagne parfois leurs dessins. "C'est plus un temps de recherche, alors que le temps passé à LaVallée sera un temps de résidence, d'achèvement," dit Magali Cadelli.

Imprimés et détourés, les dessins seront encollés puis posés à LaVallée sur le mur de la cour de manière à composer une foule dansante formée d’individus aux personnalités déterminées. La fresque, à admirer durant le festival du 4 au 6 octobre, demeurera en place le temps que les intempéries désagrègent le papier et éparpillent ce peuple unique aux quatre vents.

Derrière le bar, quelques personnages fuyards sont contrecollés sur papier mousse pour ne pas dégrader les murs tout en éveillant votre curiosité. En relief, ils formeront une fière avant-garde.

Laisser de l'espace

La rencontre entre artistes en situation de handicap mental n'est pas fréquente. Quelles sensations en tirer ? "L'équipe du Créahmbxl est accueillante, elle laisse de l'espace à la création tout en installant une rigueur de travail," affirme Magali Cadelli. "Humainement, c'était une richesse pour nos artistes de rencontrer des pairs. Ils et elles ont aussi découvert d'autres possibles : les cours de théâtre, de danse... En tant qu'animatrices, au Centre, nous veillons à pointer ce qui existe, mais c'est tout autre chose de le vivre par l'expérience. Il y a eu plein de découvertes, comme le fait de pouvoir travailler en grand format sans entraves alors que chez nous, c'est plus compliqué parce que l'espace est plus réduit. Et puis, sortir de sa routine provoque des questionnements : si on fait autrement ailleurs, pourquoi ne pas faire comme ça chez nous ? C'est positif de pouvoir questionner l'institution."

Un engagement

Orienté sciemment vers les artistes outsiders, en marge ou appartenant à des minorités, le In.Out.Sider Festival est une rareté à savourer pour les multiples découvertes qu’il permet. Co-créé par LaVallée et Urban Boat, il offre un espace d’expression et sa curation est confiée pour partie à des partenaires artistiques qui garantissent sa diversité. LaVallée organise tout au long de l’année de nombreux événements relatifs à l’inclusion. Urban Boat, avec la barge Thabor, est une plateforme culturelle et artistique qui se déplace au fil de l’eau. Elle abrite également de grands espaces destinés à des ateliers, un studio son et propose des résidences artistiques à son bord.